En 1764, le roi Louis XV autorise la ville à créer une verrerie afin de répondre à la demande de l'évêque de Metz pour écouler le bois alsacien.Dans son plaidoyer, le prélat avait argumenté dans ces termes:
« Sire, la France manque de verrerie d'art, et c'est pour cela que les produits de Bohême y entrent en si grande quantité : d'où il suit une exportation étonnante de deniers, au moment où le royaume en aurait si grand besoin pour se relever de la funeste guerre de 7 ans, et alors que depuis 1760, nos bûcherons sont sans travail ».
Le prélat crée "Les Verreries Saint Anne". En 1773, le prélat vend au verrier Antoine Renault qui s'installe dans cette ville. La période de la Révolution française marque le déclin de l'entreprise. En 1813, l'activité est arrêtée.
En 1816, l'industriel et financier Aimé Gabriel d'Artigues, propriétaire des cristalleries de Vonêche dans les Pays bas, rachète les ruines et négocie avec les autorités de l'époque le droit de produire des pièces à partir du cristaux bruts de Vonêche. Le nouvel établissement se nomme "Établissements de Vonêche à Baccarat". En 1819, les 4 fours sont remis en activité et le site industriel a été modernisé. Cependant, l'emploie de + 300 salariés crée une masse salariale importante ce qui fragilise les comptes de la société. Les pertes financières vont conduire Aimé Gabriel d'Artigues à vendre l'entreprise sur la période 1822-1823. Parmi les associés, M. Pierre Antoine Godard Desmarest va s'impliquer dans la direction de l'entreprise et il va appliquer un nouveau système de comptabilité inventé par lui-même.
Au niveau technique, le top de l'époque était le cristal d'Angleterre. En 1781, la Verrerie Royale de Saint-Louis découvre le secret de la fabrication du cristal (verre au plomb). Elle devient la Cristallerie Saint Louis. A partir de cette découverte, l'activité liée au cristal va devenir l'activité principale à Saint Louis Lès Bitche. A Baccarat, le directeur technique, l'ingénieur polytechnicien Jean Baptiste Toussaint va s'impliquer pour maîtriser la fabrication du cristal à partir du verre fabriqué sur place. En 1823, elle reçoit la médaille d'or à l'exposition ce qui permet d'obtenir une 1ère commande du roi Louis XVIII.
Après cette 1er commande, les grandes familles royales européennes puis du monde vont commander des pièces pour orner leurs demeures. La cristallerie de luxe se développe en Europe. Le site de Baccarat va s'orienter vers ce nouveau marché en développant des produits de plus en plus raffinés. Les progrès techniques obtenus contribuent à la renommée de l'établissement au niveau mondial. La recherche de l'excellence est le moteur de développement du site industriel situé à Baccarat.
En 1841, l'ingénieur François Eugène de Fontenay s'est spécialisé dans le coloration du verre et du cristal. son savoir-faire va permettre de développer une nouvelle gamme de produits.
En 1855, à l'Exposition Universelle de Paris, la cristallerie remporte sa 1ère médaille d'or pour une œuvre d'art. A partir de 1868, l'ingénieur centralien Paul Michaut va diriger l'entreprise. Il va contribuer au développement du site de Baccarat. Pour répondre à la forte demande de l'Asie et en particulier du Japon, une partie du processus de fabrication est industrialisé.
Le site industriel s'étant sur + 6 hectares à Baccarat. En 1900, + 2.200 salariés travaillent à la cristallerie. Au niveau de la ville, environ 75 % de la population dépendaient directement ou indirectement de l'usine.
Les dirigeants de la cristallerie se sont investis dans le développement de la ville de Baccarat à travers des mandats de Maire, sénateur, .... Aujourd'hui, une partie du patrimoine foncier de l'usine a été rétrocédée à la collectivité pour installer l'Office de tourisme, des logements, ...
L'Hôtel de Ville date des années 1920, son architecture est basée sur le style flamand. Les 4 motifs en façade représentent les différents métiers du cristal.
A proximité, l'église Saint Rémy est d'un style contemporain en bordure de la Meurthe.
Au loin, on aperçoit la cheminée de l'usine de la cristallerie de Baccarat.
Le long de la D590, il y a le site industriel de la Cristallerie de Baccarat situé Rue de la Cristallerie. Le complexe s'étend sur plusieurs hectares Cours des Cristalleries.
On remarque que le bâti n'est pas entretenu depuis quelques décennies. Si on emprunte le cours des cristalleries, on arrive au siège et au site industriel.
On arrive sur une grande place où il y a l'entrée de l'usine avec de chaque coté des bâtiments à vocation de logement pour le personnel. Depuis 1830, le développement commercial des activités industrielles du site a nécessité le recrutement de milliers de salariés. Il était impératif de loger les salariés à proximité des unités de production, en particulier le personnel qui alimentait en bois 24h /24h les fours. Depuis le passage au chauffage par le gaz, il n'y a plus cette contrainte pour le personnel.
On aperçoit l'entrée du site industriel à droit.
La chapelle sur le site permettait de pratique la religion catholique au sein de l'usine.
Aujourd'hui, les logements ont été vendus au personnel de la Cristallerie de Baccarat. On remarque le manque d'entretien des nouveaux propriétaires.
Le parking du Musée de Cristal est situé à côté de la boutique Baccarat, rue des Cristalleries. On voit au vent les drapeaux Baccarat qui symbolise l'entrée vers le bâtiment où le musée est installé. Il faut emprunter l'escalier puis se diriger vers la droite en direction de la place.
On a une vue de la ville de Baccarat assez remarquable vers la Meurthe.
Ce château était le lieu où les administrateurs et les directeurs ont vécu pour diriger la Cristallerie de Baccarat. Aujourd'hui, au rez-de-chaussée sur l'aile droite, il y a le musée du cristal.
Pour la petite histoire, lorsque nous avons visité ce lieu, les personnes qui sortaient parlaient d'une "escroquerie" à propos de la visite du musée !!!
L'accueil se fait dans une petite entrée. Après on se dirige vers la 1ère salle où un lustre en cristal de Baccarat trône au milieu de la pièce aux dimensions modestes.
Aux murs, il y a des panneaux explicatifs avec des croquis pour expliquer la complexité de la confection d'une telle pièce.
On pénètre dans une autre salle en enfilade où l'on est surpris par la mise en valeur des pièces exposées. Les visiteurs sont étonnés par l'emploi de simples étagères pour présenter des œuvres d'art !!!
Certaines pièces exposées ont des panneaux explicatifs du travail réalisé à partir d'un dessin technique.
Des petites étiquettes précisent le nom de l'objet et parfois il y a un petit texte d'accompagnement.
Sur une grande étagère, il y a plusieurs séries liées à l'Art de la table. En particulier, il y a le service "Harcourt" créé en 1825 sur l'inspiration Aimé-Gabriel d'Artigues et commercialisé par Pierre Antoine Godard Desmarest.
On doit reconnaître que l'espace est restreint pour admirer les pièces. On remarque le travail de la colorisation de certaines pièces de cristal.
Certaines pièces semblent très contemporaines, en réalité, elles datent années 20.
On montre deux moules pour permettre aux visiteurs de visualiser une partie du travail de la fabrication d'une pièce d'art.
Enfin le visiteur aperçoit quelques pièces exceptionnelles qui ont fait la réputation mondiale de cette cristallerie depuis plusieurs siècles.
La production de flacons de parfum pour les grandes maisons françaises va devenir une activité qui a pris de l'essor. Les grands parfumeurs voulaient des œuvres d'art pour sublimer les senteurs.
Il y a une petite collection de vases exposés.
Dans la dernière petite pièce, il y a le trésor de ce musée, la recomposition d'une tablée pour un dîner dans un décor de féérie. On plonge le visiteur dans une vision du luxe à la française.
Le visiteur rebrousse chemin pour retourner à l'accueil. On demande s'il y a une visite de l'usine prévue pour visualiser le travail des ouvriers sur la matière brut du cristal. Non, il n'y a pas de visite du site industriel mais si on attend un peu, on vous diffuse un film d'environ 15 mn.
Effectivement si on compare avec le Musée Lalique .... c'est le jour et la nuit !!! La durée de la visite s'est faîte en 20 minutes !!!
Par contre, une visite à la boutique s'impose si vous êtes amoureux du cristal de Baccarat. Les nombreuses pièces sont parfaitement exposées, il y a des bijoux, des vases, des lustres, l'Art de la table avec des services de verres et de carafes, des œuvres d'Art, ...
On remarque le modèle de verre de dégustation en cristal clair "Romanée conti", on est émerveillé par la finesse de l'épaisseur de la paroi, coût 260 €.
Le mariage de l'héritière de la cristallerie de Baccarat avec Joseph Albert Aldebert de Chambrun en 1853 va transmettre cet héritage à cette famille jusqu'en 1989. A cette date, la société est vendue au groupe hôtelier Taittinger. Ce groupe a acquis la majorité du capital. En 2005, le groupe Taittinger est acheté par le Fonds d'investissement américain Starwood Capital Group, spécialisé dans l'immobilier. En 2015, le Fonds d'investissement américain vend la branche hôtelière pour un montant + 1 milliard € au groupe chinois Jinjiang International.
En 2016, la cristallerie a réalisé un chiffre d'affaires de 148 millions € avec un bénéfice d'environ 2,2 millions €.
En 2017, le groupe chinois Fortune Fountain Capital (FFC) est en négociation exclusive pour racheter la Cristallerie de Baccarat pour le somme d'environ 185 millions €. Selon les modalités, il a été négocié le maintien des 500 salariés sur le site de Baccarat en maintenant l'activité où le savoir-faire français est une référence internationale.
Galerie-Musée Baccarat Cours des Cristalleries 54120 Baccarat Tél: 03.83.76.61.37
Horaires: mardi au dimanche de 10h à 12h et de 14h à 18h & durant la période estivale de Juillet & Août ouverture non stop du mardi au dimanche de 10h à 18h
Tarifs: adulte 5 €, adolescent (12 à 18 ans) 3 €, enfant gratuit